Tissu en coton bio : Etat des lieux
Quand je parle de mon projet de tissu bio autour de moi, les gens me demandent souvent, « Mais ça veut dire quoi exactement coton biologique ? » ou bien « qu’est ce que tu veux dire par « coton biologique », tu ne vas pas le manger quand même?»….. Je réalise suite à ces discussions, combien nous sommes souvent déconnectés des réalités du monde textile.
Le textile et en particulier la mode, représentent un marché d’environ, à la grosse louche 3,000,000,000,000 dollars par an. Autrement dit 3 millions de millions de dollars par an (ça fait un sacré paquet de tissu n’est ce pas ?). C’est un secteur qui vend une image glamour et qui reste sous les radars de la transition écologique actuelle qui touche pourtant largement l’alimentation et l’énergie. Alors soulevons ensemble un bout de l’épais tapis qui recouvre tout ça pour tenter de comprendre le « coton biologique ».
Tout d’abord, pourquoi ce besoin de coton biologique ? Simplement parce que environ 2,5% des terres cultivables mondiales sont consacrées à la culture du coton, alors que cette même culture du coton consomme environ 15 à 20% des pesticides mondiaux. Gloups.
Autrement dit, les pesticides sur les champs de tomates (culture conventionnelle qui probablement ne se fait même plus dans un « vrai champ ») c’est déjà pas jojo, mais pour le coton, à surface équivalente, on asperge environ 10 fois plus de produits chimiques. On ajoute à ça, les engrais, la consommation incroyable en eau, l’appauvrissement des sols, les traitements chimiques de la fibre et du tissu et j’en passe et des meilleures. S’impose alors naturellement la nécessité impérative de repenser et de revoir le modèle de production du coton.
Coton biologique versus coton conventionnel : le duel
Je ne suis pas ici pour démoraliser l’assemblée. Non ! Je suis ici, parce qu’il existe des solutions. Des solutions connues, maitrisées et applicables qui permettent de répondre point par point aux problématiques de pollution de la culture du coton et de la fabrication textile. YESSSSSS ( je vous avait dit que j’avais des bonnes nouvelles).
Voici un petit tableau comparatif des grandes étapes de culture et de manufacture pour vous permettre de comprendre l’impact du coton biologique comparé à son opposant, le coton conventionnel. Petit duel en règle, niak niak:
Bref, on compte les points, et on comprend vite que les jeux sont biaisés, que les dés sont pipés, que l’arbitre est un gros vendu. Que seul le prix d’achat compte. Qu’à l’échelle mondiale les autres points sont du pipeau sinon, je ne serai pas en train d’expliquer à tout mon entourage « pourquoi du coton bio »…. Pourquoi, le coton biologique devrait être la norme!
Quel futur pour le Coton Biologique?
Noooon, je vous avais dit que je n’étais pas ici pour démoraliser l’assemblée, alors… place aux bonnes nouvelles !
En 2016, il y a eu une production d’environ 110 000 tonnes de coton biologique, ce qui représente une part d’environ 0,5% de la production mondiale du coton. Hé ! On avait dit des bonnes nouvelles Mars’elle. La bonne nouvelle, c’est que les chiffres de 2017 doivent encore être compilés et digérés par la grande machine à statistique, mais une augmentation signification de la production est attendue. On attend une augmentation d’environ 3-4% comparée à la production de 2016.
En parallèle, le coton durable se taille lui la part du lion. Son patronyme n’est pas particulièrement bien choisi et, en bon mot valise qu’il est, il englobe tout et un peu n’importe quoi (je vous parlerai de cela dans un prochain article). Oui, sa définition n’est pas claire comme du cristal, mais il connaît une augmentation significative sur les dernières années. Il représente actuellement environ 15% de la production mondiale annuelle du coton. Ce qui veut dire que les mentalités évoluent, enfin !
J’ai encore tellement de choses à partager avec vous sur le textile, la jungle des certifications, ce fameux « coton durable », l’hypocrisie des grandes marques, les avancées significatives en agronomie, les questions d’impact social, le modèle économique. Et encore une foule d’autres sujets pour soulever ensemble, un petit peu plus chaque fois, le tapis qui nous cache la réalité du monde du textile.
Découvrez la dernière collection de tissu en coton Biologique imprimé de Mars’elle (fournisseurs certifiés GOTS).
Références:
Pour en savoir plus, rendez-vous sur :
- Le rapport de textileexchange.org de 2017
- Le rapport sur le coton durable fait par le WWF en 2017
- Pour aller plus loin sur la comparaison du coton bio et du coton standard, rendez-vous sur l’article qui compare les consommations en eau du coton bio et standard.
- Pour mieux comprendre les certifications textiles sur les tissus bio rendez-vous dans cet article : Perdu dans la jungle des certifications textiles ?.
- Et pour tout savoir sur les grandes étapes de la culture du coton, allez vous rafraichir la mémoire sur cet article: le B-A-BA de la culture du coton.
J’apprécie toujours les défenseurs de notre pauvre planète et plus encore quand les actes sont là! Merci et bravo car ce n’est pas facile.
Suis très heureuse de pouvoir enfin trouver de beaux tissus de qualité qui je trouve s’imposent quand on passe du temps à coudre car quoi de plus décevant qu’un vêtement fait maison qui ne dure pas.
Super article ! De quoi « raisonner » un peu mes achats compulsifs de tissus !!
Merci beaucoup Cathou. C’est chouette de se poser la question de l’impact de ce qu’on achète (et pas juste l’impact sur la taille de son stock 😆)
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Article très intéressant sur une industrie dont la pollution ne fait pas la une des journaux hélas.
Merci de participer à l’information citoyenne sur le sujet afin que les conteneurs de vêtements cessent de sillonner la planète en tout sens.
Petite coquille de taille 3 millions de milliards c’est 3.000.000.000.000.000 (3 et 15 zéros)…
Intéressant cet article sur le coton bio mais si on veut pousser le résonnement jusqu’au bout et réellement diminuer notre impact écologique, il faut savoir aussi d’où provient ce coton, où se trouvent les cultures de coton de vos tissus ? cela n’est pas mentionné une seule fois dans votre article.
Mais c’est vrai que cette petite plante n’a pas une histoire très reluisante, quand on sait que c’est une des raison pour lesquelles l’esclavage a perduré jusqu’au XIXe sicle…
Bonjour Milla, et merci pour ce commentaire engagé. OUi, il n’est pas simple de pousser la logique jusqu’au bout… Mais une étape à la fois, on avance ! La provenance du coton de Mars-ELLE varie d’une collection à l’autre. Mais par contre elle est mentionnée sur toutes les fiches produits 🙂 https://www.mars-elle.com/shop/