La semaine passée, j’ai fait un retour complet sur les cinq années de couture (presque exclusive) de ma garde-robe.
Cinq années sans shopping.
Cinq années de couture insouciante.
Mais après ce premier compte rendu, je me rends compte que coudre sa garde-robe n’est pas nécessairement l’assurance d’une démarche durable.
Pas toujours simple d’aligner le plaisir et les valeurs !
Incohérences entre valeurs et envies
Coudre peut, aux premiers abords, sembler être une pratique écologique. En 5 ans, je n’ai pas mis les pieds dans un magasin de la fast-fashion. Cependant, il y a de nombreux aspects de la couture qui peuvent s’avérer aussi toxiques que l’achat de vêtements de la fast-fashion.
Coudre des vêtements qu’on ne portera pas, ce n’est pas très durable.
Coudre des vêtements fragiles, ce n’est pas très durable.
Coudre 16 robes de cocktail pour quelques soirées par an, ce n’est pas très durable.
Bien sûr, quand on débute en couture, il y a des apprentissages à faire :
- Est-ce que ce tissu, dont je suis tombée raide dingue amoureuse à l’instant, va vraiment aller avec les basiques de ma garde robe ? (ou bien me donner un « style Freddy Mercury » ?)
- Est ce que ce patron super à la mode correspond vraiment à mon style ou à ma morphologie ? (ou m’imposer 18 mois de régime pour ressembler à Beyoncé ? )
- Est ce que c’est une bonne idée de transformer ce tissu trop choupi en blazer over-sized ? (alors que pas certain que tu seras invitée VIP au prochain concert de Céline Dion)
Ces erreurs-là, toutes les couturières les font à un moment ou à un autre. Parce que la passion de la couture à sacrément tendance à nous rendre un peu myopes, parfois même totalement aveugles. Que celle qui ne s’est jamais laissée tenter par les sirènes de ces expériences couture jette la première épingle !
Personnellement, je me suis déjà lancée dans des projets combinant les trois problématiques ci-dessus. Et comme je n’ai pas le style de Freddy, ni les mensurations de Queen Bee et que j’attends toujours mon invit’ pour le concert de Céline, ces cousettes se sont avérées être des erreurs couture : je ne les ai pas portées.
Mais l’erreur, la vraie, serait de ne pas s’en rendre compte…
Manifeste pour une garde robe durable cousue main
Cela fait plusieurs semaines que je réfléchis à une ligne de conduite pour continuer à coudre ma garde robe sur un chemin plus durable. Je veux éviter de coudre des vêtements inutiles que je ne porterai pas.
J’ai fait un tri extensif et presque violent de ma garde-robe. J’ai gardé pendant des semaines toutes mes cousettes-erreurs pour bien m’imprégner des raisons de ces problèmes. Le bureau était semi-envahit de piles de vêtements cousus-main. Je les ai d’abord un peu évités. Puis je les ai pris et reposés. Retournés, sous-pesés, analysés… Je leur ai posés des questions :
Pourquoi ne sors tu pas plus souvent?
Pourquoi tes finitions sont elles douteuses?
Pourquoi me donnes tu l’impression d’être déguisée?
Pourquoi es tu isolée et solitaire dans ma garde robe ?
Pourquoi me donnes tu un profil de baleine ?
Pourquoi me boudines tu lorsque je ferme tous tes boutons ?
Et après une longue réflexion, j’ai établi un petit manifeste en trois chapitres et quinze phrases pour une garde-robe cousue-main plus durable.
Ce ne sont pas des impératifs.
Ce n’est pas une science exacte.
Ce n’est que mon chemin et la vision que je pose pour mes prochains projets couture.
Parce que je veux maximiser les bienfaits de la couture dont je vous parlais la semaine passée : le plaisir, la confiance en moi et la fierté. Et tout ça, sans compromettre mon engagement pour une garde-robe durable !
Ce petit manifeste est construit pour atteindre un objectif, une vision : coudre « rien que des vêtements préférés » (Merci Lathelize pour cette expression idéale)
Et vous ? Parfois vous vous posez avec votre amour pour la couture pour réfléchir sur ce qui marche ou pas ? ?
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Chapitre 1 : Qualité avant quantité.
- 1- Ne néglige pas la couture de bons basiques, ce sont ceux que tu porteras le plus.
- 2- Utilise des tissus de qualité et regarde d’abord ce qu’il y a dans ton stock.
- 3- Demande toi toujours combien de fois tu vas porter cette cousette et avec quoi.
- 4- Choisis la bonne taille (peu importe le chiffre) et prends le temps de faire les bons ajustements.
- 5- Passe du temps sur tes finitions, c’est la plus grande preuve d’amour que tu puisse donner à tes cousettes.
Chapitre 2 : Connais-toi toi-même.
- 6- Connais ta palette de couleur (ton neutre et ta couleur flashy).
- 7- Identifie le patron et le style qui te mettent en valeur et pas le dernier truc à la mode sur IG.
- 8- Dix pourcent de ta garde-robe en couture « WAOU », c’est largement suffisant.
- 9- Privilégie ce qui est indémodable et ne te laisse pas influence attraper par ce qui est trendy.
- 10- Apprends de tes erreurs (choix de couleurs, de patrons, techniques couture, etc) et keep moving.
Chapitre 3 : De la couture au reste de ma vie.
- 11- Traite tes cousettes comme elles le méritent, avec respect et attention.
- 12- Construis ton stock de tissu en réfléchissant à ton style plus qu’à tes coups de cœur textiles.
- 13- Trie souvent, donne, recycle, désencombre et libère tes vêtements (même tes cousettes).
- 14- Profite du plaisir simple, le matin de s’habiller avec une garde-robe remplie de vêtements adorés.
- 15- Oublie la frustration de toutes ces cousettes d’amour jamais portées.
Bonjour à toutes et tous, je viens de découvrir ce site et blog, et en trouve la démarche très intéressante. N’ayant jamais été une fashion addict, j’ai depuis longtemps choisi relativement minutieusement mes basiques dans le commerce. Cependant, dans mes débuts de couturière autodidacte, je me suis lancée dans des coutures parfois surréalistes, recherchant plutôt les défis techniques que la portabilité de ces vêtements. Donc, beaucoup de gâchis d’argent (le temps, c’est autre chose) … Sans parler de la méconnaissance des tissus que j’ai toujours du mal à choisir, et une chose est acquise pour moi : les coupons bon marchés sont souvent médiocres au niveau de la qualité. Mais je sais maintenant qu’au final, ce n’était pas vain, et qu’on apprend avec l’expérience… et qu’à présent je peux m’atteler à un projet et choisir un tissu convenable. Le bon tissu est cher, la couture personnelle n’est pas une économie, contrairement à ce que je pensais au départ. Ma satisfaction à présent est de rentrer dans les boutiques juste pour comprendre et évaluer la « facture » des vêtements 🙂
Merci beaucoup Marie pour ce merveilleux partage d’expérience. Oui, expérimenter est nécessaire pour apprendre et pour évoluer. C’est un chemin constant. Mais c’est ce qui rend la couture passionnante, je trouve ! Si vous êtes encore incertaine concernant les matières premières des tissus, Vous pouvez demander les 10 fiches mémo gratuites sur le sujet. C’est mon « dada » et je me suis vraiment concentrée pour en faire un contenu orienté vers les couturières ! https://www.mars-elle.com/fiches-techniques-tissus-gratuites/ Je vous souhaites une très belle continuation sur votre chemin d’expérimentations et de découvertes textiles !
Ah les cousettes sentimentales ^^ Je viens justement de fêter les 1 an de ma machine à coudre (et donc de mes débuts en couture) et je commence à voir les cousettes que je porte plus ou moins.
Mais avec les tissus que j’adore, je vais sans doute les réutiliser pour autre chose sans doute un accessoire ou même du biais.
Pour coudre ma garde robe durable, j’essaie de remplacer chaque vêtement du commerce en fin de vie par un vêtement cousu. Du coup, ça me permet de bien me poser la question sur l’usage, la coupe et le style. Par exemple, ce jean noir que j’ai porté et usé jusqu’à la moelle/trame, ce n’est pas une pièce « waouh » mais c’est une pièce tellement souvent portée que je suis sûre d’avoir réellement besoin de lui coudre un jean noir en remplacement.
(et puis les jeans noirs, ça permet de les assortir avec les pièces waouh 😉
Et quand j’ai envie de coudre certaines pièces, mais que j’ai la même dans mon dressing, jamais portée, je suis bien forcée d’admettre que cette couture sera inutile…
Mais le problème que j’ai pour la couture des basiques, c’est de trouver de beaux tissus simples/basiques . Par exemple, du jean noir, il en existe des quantités absolument dingues, tout comme du jersey simplement écru.
J’ai du mal à savoir comment bien choisir un tissu pour vêtement basique qui sera beaucoup porté.
Et quand je me loupe, et que le tissu que j’ai commandé ne me semble pas vraiment convenir, je me force quand même à la coudre pour ne pas gaspiller même s’il ne sera pas très résistant dans le temps.
Bref, merci pour cette série d’articles très intéressants 🙂
Merci Beaucoup Marie-Chloé pour ton partage d’expérience. C’est une bonne technique de remplacement que tu nous livres. C’est probablement plus systématique et assez efficace. Mais c’est vrai qu’il n’est pas toujours simple de coudre des basiques et surtout de trouver les tissus adaptés ! Bonne couture
Bonjour Mars-Elle,
Je te suis depuis quelques temps sur IG mais n’avais pas encore franchi le pas du blog. C’est ton image qui m’a beaucoup interpellée. Comme certaines l’ont dit, je suis sur ce chemin. J’ai déjà une démarche zéro déchet à la maison, plus de coton jetables, vinaigre blanc et bicarbonate de soude, savon noir, savon d’alep (pour la douche), achats directement aux producteurs, bref j’essaie pas à pas, petit à petit.
Pour la couture, j’ai eu un déclic, il y a peu. Je me suis cousue quelques pièces qui en fait ne me vont pas trop et je me suis dit qu’il fallait que je m’en sépare.
Donc j’essaie la couture responsable même si je n’y arrive pas encore complétement, j’ai, par exemple, beaucoup beaucoup de jupes (une trentaine !! ), mais je les mets tout le temps et j’ai un modèle maison qui me va, donc pourquoi s’en priver. Pour les sous-vêtement, je n’ai pas encore passer le cap, mais je ne me vois pas faire un soutif, une culotte si.
J’achète pratiquement plus en magasin et je n’ai même pas envie de trainer dedans, quand je vois la qualité de certaines réalisations.
Sur les tissus, j’ai encore quelques progrès à faire. En ce moment, j’écoule le stock que j’ai récupéré de chez maman, des tissus où il y a encore l’étiquette en francs !!
J’ai même trouvé un patron épinglé sur un tissu bordeaux, type lainage (mais un peu rêche à mon goût), c’est un bomber dont le patron date de 1986 !! Je ne suis pas trop la mode car ça se démode ! Je préfère des pièces pas forcément basiques mais qui me vont et me plaisent.
Encore merci pour cette belle réflexion, on se sent moins seule dans cette démarche et sur ce chemin
Merci beaucoup à toi de partager un peu de ton chemin ici. C’est très motivant. Je trouve ça super important de sentir que nous ne sommes pas seuls sur ce chemin. Je pense que évoluer dans une démarche plus responsable n’est pas immédiat. Il faut se laisser du temps, et surtout voir son évolution avec bienveillance! Belle couture !
Super article ! J’applique déjà certains principes, mais je vais noter ceux là aussi 😉
Moi aussi, j’ai éliminé une de mes premières cousettes récemment, que je ne portais jamais, car mauvais choix de patron et de tissu ! C’était le début, on dira 😉
OUi, il y a un apprentissage à faire. Je pense vraiment que peu de couturière couse directement des vêtements qui correspondent parfaitement à leurs besoins. Mais un pas à la fois, on avance!
Bravo pour votre site ou blog
Je ne suis mise à la couture voici qq mois. Je fais des « bricoles » avec amour et pour offrir
C’ets trop chouette d’offrir du fait main. Ce sentiment est inégalable !
Bonjour,
Merci pour ce récap en tableau, je crois que je vais l’imprimer et l’afficher dans mon coin couture, ou le coller dans mon carnet « projet »…
J’ai entamé moi aussi une réflexion sur ma pratique et me retrouve de plus en plus à me demander (pour un tissu autant que pour un patron) si j’en ai vraiment besoin, est-ce que je vais le porter, etc…
Bref, ce tableau est un condensé qui va être très utile, pratique et bénéfique!
Merci, merci!
Emilie
Bonjour Emilie, c’est super que ce tableau te soit utile. ça me touche beaucoup! Belle couture raisonnable 😉
Ta réflexion est vraiment intéressante dernièrement j’ai donné à la Croix rouge des cousettes que je ne portais plus (plus à ma taille ) alors que je les gardais parce que je les avais cousues moi-même.
J’ai bien pris en compte que les derniers patrons indépendants s’adressaient plus à des trentenaires qu’à moi (presque 60 ans) , les frous frous ou les volants sur une poitrine 95D pas tjrs évidents ni les jupes très évasées … Toutes les blouses non plus alors qu’un chemisier me va beaucoup mieux.
revoir son stock et l’éliminer sera ma principale décision de cet hiver .
Je ne couds pas beaucoup parce que il me faut du temps, je couds des tops , des robes , le pantalon il faut que je m’y mette , les dessoux bof mais je tricote pull et chaussettes, mais souvent je fréquente les magasins pour avoir des idées et j’en sors en me disant que je pourrais le faire moi-même et que j’ai assez de vêtements
Bonjour Sylvie, et merci pour ton témoignage. Pas simple de se séparer de ces cousettes, n’est ce pas?? C’est super de voir qu’on est plusieurs dans cette réflexion ! Belle couture
Je vous découvre et me viens à l esprit que je dois immédiatement faire un sacré tri dans mes vêtements. L idée du ‘tableau reflexion’ est juste super et je vais m y conformer et je vous dis merci. Merci pour cette réflexion claire et judicieuse et me mets au boulot afin de faire mes couettes de qualité et surtout que je porterai avec fierte6
Merci Nicole pour ce retour. Oui, ça demande une petite réflexion de fond au début. Mais après c’est vraiment un plaisir de porter ses cousettes au quotidien ! Belle ré-organisation, et surtout belle couture !
Chère Mars-elle, je te suis à 200 % dans tes réflexions ! J’ai grand plaisir à les lire pour en parler ensuite le soir avec Monsieur et faire des actions concrètes à la maison. Petit à petit pour tester et que ce soit à la fois source de joie (« sparkle of joy »!!) et soutenable. C’est chouette de voir qu’on est beaucoup sur le chemin 🙂
Merci pour ce super commentaire qui fait ma journée ! On avance sur le chemin, pas à pas, chacun à notre rythme… Mais de savoir que d’autre font aussi ce chemin, c’est tellement encourageant! Merci pour ton témoignage!
Je lis tous tes articles qui sont toujours super intéressants…il est grand temps de laisser un petit commentaire!
Je rejoins de plus en plus ta démarche, et en de nombreux points. Je mets en pratique beaucoup de tes « principes » parfois sans m’en rendre compte, notamment tous les questionnements qui permettent de définir ce que je vais aimer porter. Je dois avoir 5% à peine de fringues « pour des sorties » ou des occasions particulières. là dessus j’ai fait un vrai constat il y a déjà plusieurs années, je porte très rarement des « tenues spéciales ». Il m’arrive encore d’acheter des vêtements dans le commerce, mais là aussi, la démarche est la même qu’en couture : je choisi du qualitatif, en fonction de mon style, de mes goûts et surtout de la « portabilité » et du besoin. Et puis il y a des choses que je n’aime pas trop coudre!
Là ou je ne progresse pas énormément, c’est sur l’achat de certains tissus pas forcément écos responsables. Il m’arrive d’acheter de la viscose (en petite quantité, mais quand même) car j’aime énormément les tombés fluides qui font justement partie de mon style vestimentaire…
Ta petite liste me fait aussi dire qu’il faut que je couse d’avantage de basiques, notamment des t-shirts qui sont les grands laissés pour compte de mon dressing home made.
Merci pour cet article qui permet de faire le point sur sa démarche et de mesurer ce qui peut encore être « ajusté »
Merci pour ce beau commentaire, ça me touche beaucoup. C’est vraiment super de voir qu’on est ensemble sur ce chemin. Pas toujours évident d’aligner le plaisir et le besoin… mais je pense que ça vient aussi avec le temps. Pour ce qui est de la viscose, il existe aussi des alternative assez fluide en matière naturelle… mais ça sera différent, quoi qu’il arrive. Et il n’est pas du tout évident de faire ces choix. Parce que choisir, c’est renoncer… soit au niveau de son plaisir, soit au niveau des ses valeurs. Je pense qu’il faut aussi considérer son chemin avec beaucoup de bienveillance. Un pas à la fois!