Site icon Mars'elle

Donner ses vêtements pour les recycler, et après ?

vêtement recyclage seconde main fast fashion durable collecte vêtement

 

Le grand tri dans votre garde-robe est terminé ?

 

Il est temps de mettre dans des grands sacs les vêtements que vous ne voulez plus : ceux qui sont trop grands, les trop petits, ceux que vous ne mettez plus, qui sont tachés ou usés et tous ceux presque neufs que vous n’avez presque jamais mis parce que finalement ils ne vous allaient pas si bien…

 

Et ces grands sacs, vous les portez aux points de collecte des vêtements usagés ?

Et puis après ?

Que deviennent-ils ?

 

 

En France, 10% des vêtements et chaussures qui ne sont plus portés finissent dans des points de collecte pour le recyclage (environ 3 kg par an et par personne). Autrement dit, seulement 10%. La majorité des textiles terminent leur vie sur un dépôt d’immondice ou dans un incinérateur.

 

Pas vraiment l’endroit de rêve pour la fin de vie de nos vêtements…

 

Quand on sait qu’un français achète en moyenne 30 kg de nouveaux vêtements chaque année, on regrette que le circuit de collecte des vêtements usagés ne soit pas plus développé. En Allemagne par contre, 70% des vêtements retournent à un point de collecte à la fin de leur première vie.

 

Les points de collecte ont pour but de prolonger la vie de votre vêtement ou de le transformer, de tirer le meilleur parti de la matière première qui a servi à les fabriquer. Recycler c’est donc faire durer la matière et réduire directement la consommation de matière première. C’est une vraie économie.

Plusieurs secondes vies sont possibles pour les vêtements et les textiles collectés.

 

Par contre, dans les points de collecte « classiques », les vêtements ne seront pas donnés au plus nécessiteux. L’idée reste bien ancrée dans les esprits mais cela ne représente qu’une toute petite proportion de la collecte. Recycler ses vêtements à travers ces bornes de collecte,, ce n’est plus une action de charité mais bien un réflexe positif pour l’environnement et dans certains cas une action de soutient pour l’emploi précaire local.

 

Mais que ce cache-t’il derrière ces grandes boîtes ??

 

Si vous voulez que vos vêtements servent aux personnes dans le besoin, dans ce cas, renseignez vous auprès des associations concernées. Sélectionnez les vêtements demandés par l’association. En effet, ces structures sont très vite encombrées par des vêtements non-triés ou peu pertinents ce qui peut entraver leur action.

 

Le tri et le recyclage des vêtements : ici ou ailleurs ?

 

La première étape que subissent TOUS les textiles collectés comme vêtements usagés est un nouveau tri. Il vise à orienter chaque pièce vers une des différentes filières de traitement. Chaque vêtement est analysé et catégorisé en fonction de son état général, de la qualité de son design et de ses finitions, de sa propreté, du type de fibre, de ses couleurs, etc.

 

Ce tri est complexe et très important pour la suite du traitement dans chaque filière, il est, à ce jour, entièrement manuel. Cela représente un travail important, donc couteux. Pour réaliser cette étape, il existe deux types de sociétés :

 

◆ Premièrement, les Entreprises Sociales et Solidaires (ESS). Ces entreprises emploient des personnes peu qualifiées, souvent en situation professionnelle précaire dans le pays de collecte. Les ESS ont un impact positif non seulement par leur activité de recyclage mais aussi d’un point de vue social : elles forment leur personnel et l’emploient dans un cadre stable.

◆ Deuxièmement, des sociétés à but exclusivement lucratif. Ces sociétés mettent en œuvre des stratégies visant à minimiser les coûts et maximiser les profits. A ces fins, elles exportent les vêtements collectés et délocalisent l’étape de tri dans un pays ou la main d’œuvre est moins coûteuse (par exemple le Maghreb). Le coût du transport en dehors d’Europe est largement compensé par le gain en salaires et en charges sociales (Trop cher le pétrole, vraiment ?).

 

Le Relais à Bordeau. Photo: FABIEN COTTEREAU

 

Les objectifs de ces modèles d’entreprise sont clairement très différents et même si le changement de vie de nos vêtements est semblable, les moyens utilisés ont des impacts sociaux locaux très différents.

 

Les textiles recyclés : Réutilisation, recyclage ou destruction ?

 

Les textiles usagés seront distribués vers 4 grandes filières :

 

1 – Réutilisation et seconde-main

 

Les vêtements en bon état, propres et sans trop d’usure seront vendus à des magasins de seconde main. Cette filière est de loin la plus durable. Elle prolonge la vie du vêtement en limitant les interventions qui consomment des matières premières, de l’énergie, des produits chimique, etc.

 

Cette catégorie de vêtement représente 50% du total des vêtements donnés dans les points de collecte.

 

Un dixième des vêtements sont collectés et 50% d’entre eux sont revendus en seconde main. Donc 1 vêtement sur 20 devrait être un vêtement de seconde main. Pourtant, même si la fripe est en vogue pour le moment en France, on est loin du compte…

Alors, où vont ces vêtements de seconde-main?

 

La grande majorité de ces fripes sont vendues en Afrique, au prix de gros, au kilo.

 

Et vous imaginez bien qu’envoyer nos fripes au prix de gros sur les marchés africains a un impact considérable sur l’industrie textile locale. Depuis 2016, 4 pays africains essayent de s’affranchir de cette « aide écrasante » en refusant l’importation de la fripe américaine.

 

Crédit photo: Oxfam

 

De plus avec l’avènement de la fast-fashion, la qualité des vêtements de seconde-main est elle aussi en chute libre.

 

2 – Chiffon et mécanique

 

Une partie significative des vêtements et tissus collectés se retrouvera dans l’industrie lourde comme chiffon. Les travaux mécaniques nécessitent l’utilisation de chiffons tout venant pour dégraisser mais aussi de chiffons propres non pelucheux pour nettoyer et essuyer les pièces de précision.

 

C’est une seconde utilisation de vos chutes de tissus dont vous ne savez plus quoi faire.

 

 

Ces chiffons sont parfois lavés et réutilisés, mais le plus souvent ils finiront très vite leur vie dans un incinérateur.

 

3 – Recyclage et balbutiements technologiques

 

Les textiles qui pourront être recyclés représentent 25% des textiles collectés. Dans ce cas, les tissus seront complètements désassemblés, déstructurés, fondus ou dissous de façon à produire de nouvelles fibres. Il existe plusieurs processus : mécanique, thermique ou chimique. Chaque processus est adapté à un type de matière première.

 

A ce jour, les technologies de recyclage des fibres textiles sont en plein développement. Les challenges sont nombreux : textiles de qualités multiples, fibres mélangées (coton –élasthanne, quel processus : pour coton ou élasthanne ?), qualité de la fibre finale (longueur, résistance), etc.

 

Aujourd’hui, la majorité des fibres textiles recyclées sont utilisées pour faire :

 

C’est ce qu’on appelle du « down-cycling », autrement dit, du recyclage dont le produit fini est de moindre valeur que le produit recyclé.

Le recyclage de fibre textile pour en re-faire des vêtements est en développement mais reste extrêmement confidentielle pour le moment.

 

4 – Fin de vie immédiate : incinération

 

Enfin, les vêtements et textiles qui ne sont acceptés dans aucune des filières ci-dessus sont directement incinérés et transformés en énergie. Cela représente 10% du total des vêtements collectés en France.

Ces vêtements sont :

 

On appelle ça de la « valorisation énergétique »… Bref, on brule ce qui reste pour produire de l’électricité.

 

Fin de vie durable pour nos vêtements recyclés ?

 

Aujourd’hui, la collecte des vêtements est primordiale pour garantir une utilisation optimale des matières premières textiles. Si vos vêtements sont en bon état, vous pouvez organiser vous même leur seconde vie en les donnant ou en les revendant.

 

Faire « durer » est à l’évidence l’action la plus durable !

 

Cependant pour permettre un bon fonctionnement de ces filières, il est important de trier, laver, sécher vos vêtements à recycler.

 

Gardez à l’esprit qu’un vêtement sale ou humide finira sa vie directement dans l’incinérateur : triste.

 

Est ce que la collecte, le tri et le recyclage de nos vêtements usagés a vraiment un impact positif sur l’environnement ? (spoiler alert : c’est OUI)

Quel est l’impact de nos achats fripes à trois-francs-six-sous sur l’économie des marchés africains ?

Quels sont les challenges actuels de l’industrie du recyclage textile ; comment éviter le down-cycling ?

 

Les questions sur le sujet sont nombreuses et dans les prochains articles nous allons continuer à analyser l’impact et la valeur de ces filières plus en détail.

 

 

En attendant, recyclez les vêtements que vous ne portez plus, même vos cousettes !

 

Renseignez-vous sur l’association qui va prendre en charge vos vêtements usagés.  Vous l’avez compris, elles n’ont pas toutes la même finalité, ni les mêmes processus de tri. Mais quoi qu’il arrive, donnez vos vêtements dans un point de collecte. Ils y seront mieux traités que dans la benne à ordure.

 

 Psssst: Envie de garder cet article sous la main ou de le partager ? Alors, épingle-le sur Pinterest  

 

 

Sources des chiffres: ADEME (Agence de l’Environnement et de la maitrise de l’Energie)

Pour aller plus loin sur l’impact de la fripe en Afrique:  Oxfam

 

 

 

 

 

 

Quitter la version mobile