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Le développement durable est-il mort ?

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Le développement durable, c’est quoi ?

 

Aujourd’hui je vous emmène dans le monde des Bisounours, on va parler développement durable.

 

Vous savez, ce truc dont tout le monde entend parler mais que personne ne peut facilement définir autrement que « Heu…, c’est faire attention à la planète quoi !».

 

Vous savez, cette expression qu’on pense être si fondamentale et qui pourtant se retrouve collée en filigrane des panneaux de pub pour voitures ou pour des vêtements H&M…

 

Parce que c’est vert c’est « durable » ?

 

De quand date le développement durable ?

 

L’expression développement durable ne date pas de l’année dernière ; elle date de 1987. Elle est définie dans le rapport « Brundtland » publié par la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement :

 

« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

 

 

C’est comme un slogan, il veut tout dire et rien dire à la fois.

 

C’est un peu comme « Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres » ; la vraie difficulté c’est de poser la frontière.

En fait, le développement durable a été défini comme la confluence de trois préoccupations majeures : l’Economique, le Social et l’Environnement. Simple, clair et efficace, ce sont les trois piliers du développement durable.

 

 

Pour résumer, le développement durable, c’est un développement économique qui est respectueux de la planète et de ses habitants.

C’est un peu fou qu’aujourd’hui, lorsqu’on parle de développement durable, nous ayons surtout en tête la dimension environnementale. Pire, dans l’inconscient collectif, le développement durable est devenu un frein au développement économique et au bien être social.

 

Comment le développement durable en est-il arrivé là ?

 

Si le développement durable fait sa grande apparition dans les textes il y a 30 ans, c’est en réalité un concept qui est bien vivant depuis bien plus longtemps. Les problèmes et incertitudes concernant notre rythme de croissance économique et son impact sur l’environnement (notre bonne vieille planète) et sur les déséquilibres sociaux ne datent pas d’hier.

 

Et pourtant, après des dizaines d’années à tirer toutes les sonnettes d’alarme en brandissant la solution (aka le développement durable), rien ne change. Les experts s’accordent à dire que nous compromettons cette capacité des générations futures à répondre à leurs besoins. Nous filons à toute vapeur droit dans le mur !

 

 

Mais alors, comment se fait-il qu’on en soit encore là ?

 

Le développement durable a été reçu en grande pompe à la table des puissants politiques et est l’objet de multiples sommets des 30 dernières années. Les entreprises ont toutes désormais leur « Directeur du Développement Durable » (ce bon vieux DDD). On achète de « l’électricité verte ». On se déhanche en musique dans des festivals qui portent son nom. Même Coca Cola joue dans son équipe (GreenCoke).

 

Et malgré toutes ces « belles initiatives » de développement durable, les scientifiques sont de plus en plus alarmants quand aux conséquences de notre train de vie (source GIEC octobre 2018).

Pourquoi est-ce-que rien ne change?

Et bien, c’est Einstein qui l’explique le mieux. Pas avec la mécanique quantique (E=mc2, c’est pas vraiment le bon sens incarné), mais avec cette petite phrase tellement pleine sens:

« La folie c’est de faire la même chose encore et encore et d’espérer un résultat différent. »

 

 

Et c’est bien ce qu’on fait depuis plus de 30 ans, non ?

 

Le parcours miné du développement durable.

 

Mais qu’est-il arrivé à ce beau concept de développement durable pour qu’il produise si peu d’effet  alors qu’on n’arrête pas de parler de lui?

 

Comment s’est il pris les pieds dans le tapis ?

 

 

Voici les trois grosses mines qui ont empêché le développement durable de prendre ses fonctions comme solution à tous nos problèmes.

 

Mine 1 : Funambule de l’extrême au dessus des chutes du Niagara.

 

Le développement durable, c’est l’intersection des trois piliers fondateurs : l’économique, le social et l’environnemental. Or, le concept se délite avec le temps. Aujourd’hui, on nous présente le développement durable comme une grande équation scientifique,

sans solution : l’intersection n’existerait pas. Essayez donc de faire passer une droite par les trois sommets d’un triangle : ce n’est possible qu’en lui tordant le cou!

 

Pour le développement durable, c’est un peu pareil, sauf que ça signifierait renoncer à l’un de ses piliers :

 

 

Dans la presse d’aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, dans les discussions en attendant le pain à la boulangerie, on entend tout le temps ces trois discours défaitistes.

 

Alors OUI, le grand problème du développement durable c’est cet exercice d’équilibriste de l’extrême qu’on lui demande de mener.

 

Et pourtant rien d’impossible! Il est parfaitement possible de traverser les chutes du Niagara en marchant sur un fil. Ceux qui ont peur et qui renoncent, sont priés de ne pas déranger ceux qui agissent.

 

 

On est bien meilleur équilibriste que ce que l’on pense, devenons funambules.

 

Mine 2 : Problème de déco ou de régime ?

 

Le développement durable a été géré comme on rénoverait une vieille maison avec une équipe de décorateurs.

 

On a repeint la cage escalier, on a ouvert le coin cuisine, on a changé de place la table du salon, on a même changé les plinthes de la chambre à coucher : ça a fait de la poussière tous ces travaux ! On a caché, comme on a pu, l’humidité des murs, les fuites dans le toit et les problèmes de stabilité de l’annexe. De bien mauvaises surprises nous attendent dans quelques années. Mais pour l’instant, les photos du feu ouvert sont superbes sur Insta.

 

 

Les problèmes d’infiltration? ça ne se voit pas sur Instagram, non?

 

Le développement durable est au régime ! Il est devenu une version super light de ce qu’il aurait du être.

 

Pire, le développement durable n’a pas juste été mis au régime, on l’a carrément fait jeuner : un radis pour la bonne conscience et roule ma poule !

 

Par opportunisme, par facilité, par défaut de volonté politique et individuelle, on a laissé les grands chantiers de côté. L’efficacité énergétique a cédé le pas aux micro mesures, les industriels font la promotion du « clean desk » et quand leurs administrations font des photocopies recto-verso, elles reçoivent un label « vert ».

 

Que reste t-il du développement durable ? Que de belles intentions…

 

Mine 3 : Diplôme Master en Mauvaise Foi

 

Avec un peu de mauvaise foi, vous pouvez sans problème assaisonner tout et n’importe quoi comme un vrai produit du développement durable. Il n’en faut pas beaucoup pour nous faire croire que la situation est sous contrôle et même s’améliore. Certains sont maîtres en ce domaine, ils peuplent les départements marketing des plus grandes entreprises, ils y affichent leur diplôme en Mauvaise Foi.

 

Quand Unilever annonce que sa préoccupation première est le développement durable et publie un rapport annuel impressionnant de petits détails, elle ne donne aucune indication de l’impact global ni de ses sources d’approvisionnement, ni de ses usines de fabrication, ni de l’usage de ses produits. Alors, si le développement durable est effectivement la préoccupation première, ils doivent sacrément faire la sieste dans tous les autres départements.

 

 

Ne cherchez plus, ces diplômes portent un nom : Green Washing !

 

Et le Green Washing a deux effets toxiques sur le développement durable :

 

 

Bref, le manipulateur malintentionné reste à l’œuvre pour servir le seul intérêt économique, oubliant les deux autres piliers sur lesquels devrait s’appuyer notre développement.

 

Le développement durable est-il KO ?

 

Aujourd’hui le développement durable vit des moments bien difficiles :

 

 

 

Aujourd’hui, quand on entend développement durable on n’est plus vraiment certain de ce que ça veut dire. On pense « Quoi ? Encore ? »

 

Aujourd’hui, le « développement durable » est complètement OUT !

 

…mais les principes sous-jacents restent bien vivants.

 

Aujourd’hui plus fort que jamais

 

Le développement durable a été démonté, décoloré, dilué par les politiques, récupéré par les industriels, il s’est fait abuser dans les salons, dans les réseaux sociaux, jusque dans les rues. Les mots ont perdu leur éclat, mais la revendication n’a jamais été aussi forte, impérative et pleine de sens.

 

Le mouvement @onestpret a rallié en quelques semaines 135 milles personnes qui mettent en œuvre au quotidien des gestes qui nous respectent et respectent la planète.

 

 

La marche du 8 Décembre pour le climat a rassemblé 130 milles personnes à travers la France pour réclamer à nos politiques de changer leur fusil d’épaule, et de mieux viser l’objectif.

 

Il nous manque un mot de ralliement, pour unir les forces vives des luttes sociales, environnementales et économiques. Un terme qui rallie pour longtemps, durablement, qui échappe au Green Washing et qui ne puisse pas être retourné et transformé en petit OREO ou en autocollant à paillettes comme on s’est joué du développement durable.

 

Mais à force de se faire enfumer, le monde finirait bien par tousser un bon coup et ce mot de ralliement qui nous manque risquerait bien d’être un CRI HURLANT.

 

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